"Si la mort est un thème maintes fois exploité en littérature et au cinéma, c'est qu'elle est avant tout une image" Gaston Bachelard.Aujourd'hui, l'audiovisuel envahit notre vie et influence nos raisonnements et notre réflexion, alors qui peut mieux que le cinéma, dont la racine grecque "kinésis" signifie mouvement, pouvait s'intéresser de près à la mort si étroitement liée à la vie.
"Puisqu'il avait voulu imiter le mouvement de la vie, il était normal, il était logique, que l'industrie du film se soit d'abord vendue à l'industrie de la mort" Jean-Luc Godard.
Si le cinéma peut capturer le passage du temps, il peut filmer le passage de la vie à la mort grâce à la puissance de l'illusion. Il ne peut filmer la mort visible comme telle, seulement les signes extérieurs (plaies, chutes...) qui entraînent le décès. Cette façon de domestiquer la mort parait satisfaire notre curiosité, ce qui expliquerait l'engouement pour les films catastrophe avec accident spectaculaire.
The films at a time funny and morbid could have a function of outlet, for example, with the Monty Python and The meaning of life (Death - Part VII), a sketch comedy realised in 1983.
This part opens with a funeral setup :
A group of people in an isolated country house are visited by the Reaper. Not knowing who she is, the guests spend a lot of time arguing with her before being persuaded that it is, when she says: " I have come for you, you are death, now shut up and follow me".
Then they die, their soul gets up and follows death and leave while chatting and enter an other dimension.
At the end of this extract, one of women concludes : " The meaning of life" and says : "try and be nice to people, avoid eating fat, read a good book [...] and try to live together in peace and harmony with people of all creeds and nations".
Monty Python "the meaning of life". Part VII - Death
Others films such as "Corpse Bride" by Tim Burton have a poetic approach of death, as if it was a transition with a great interaction between the living's world and the hereafter .
Otherwise the extract at the end of this film picks up an old greek symbol, the butterfly.
Extract from "Corpse Bride", the Emily's transformation
in a swarm of butterflies.
"Corpse Bride" is a fantasy animation directed by Mike Johnson and Tim Burton.
It is based on a 19th century Russian folktale version of an older Jewish story.
The film tells the story of Victor meets to marry to the love of his life, Victoria and which after a misunderstanding, meets to marry the Emily's corpse, a very kind girl.
She loves him and Victor feels sympathy for her but he cannot forget his love who's in the living's world.
Although she love him, Emily lets Victor leave. He finds his betrothed and the land of the living.
Then, the young girl's body soars like a thick cloud of butterflies in the sky.
This movie is an example of "death-passing" dear to Tim Burton. For him, death is not tragic and the hereafter is not the enemy of the living.
Feelings don't die, love remains.
The beauty of design translated this message in poetic way.
La représentation du passage de l'immortalité de l'âme et la fuite de la vie était chez les Grecs exprimée par la figure d'un papillon sortant de la bouche du défunt ou voltigeant au dessus de sa tombe.Le symbole du papillon se retrouve chez le Dieu Grec Thanatos, le fils de la nuit et le frère du sommeil dont les attributs sont : la faux, l'urne et le papillon.
La technique du cinéma permet de nous montrer une vision poétique de la "mort passage" comme c'est le cas dans le film "Orphée" de Jean Cocteau tourné en 1950. Jean Cocteau y fait dire à son personnage Heurtebise (qui est l'ange de la mort) "les miroirs sont des portes par laquelle la mort va et vient". Ces miroirs que traversent les personnages pour s'enfoncer dans la "zone" indiquent que le poète doit nécessairement subir plusieurs morts successives pour renaître sous une autre forme. Orphée symbolise ici la puissance de la poésie et du langage car le poète créateur comme Orphée doit franchir les limites de la mort, se perdre lui-même afin de renaître de ses épreuves, de ses errances. La mort ici n'est pas considérée comme "non-existence", mais bien comme un passage.
- Mythe grec
Sa femme Eurydice, lors de leur mariage fut mordue au mollet par un serpent. Elle mourut et descendit au royaume des enfers. Orphée put, après avoir endormi de sa musique enchanteresse Cerbère, approcher le dieu Hadès. Il parvint grâce à sa musique, à le faire fléchir, et put repartir avec sa bien-aimée à la condition qu'elle le suivrait et qu'il ne se retournerait, ni ne lui parlerait, tant qu'ils ne seraient pas revenus tous deux dans le monde des vivants. Mais, au moment de sortir des enfers, Orphée, inquiet de son silence, ne put s'empêcher de se retourner vers Eurydice et celle-ci fut aspirée définitivement par le monde souterrain de la mort.
Orphée se montra inconsolable et les bacchantes en éprouvèrent un vif dépit et le déchiquetèrent. Sa tête, jetée dans le fleuve Hébros, accosta sur les rivages de l'île de Lesbos, terre de la Poésie.
- Synopsis
Au cours d'une bagarre à la terrasse d'un café, le célèbre poète Orphée assiste à un accident de la circulation qui coûte la vie à un jeune poète, Cégeste qui meurt renversé par deux motards. La princesse, La Mort (Maria Casarès) emporte le corps dans sa Rolls conduite par Heurtebise, son valet (François Périer). Elle emmène aussi Orphée.
Ils arrivent dans une maison abandonnée où la Princesse ranime Cégeste qui la salue comme étant la mort, et lui promet obéissance. Puis, ils disparaissent dans un miroir. Orphée reste interloqué, il veut les suivre mais tombe inanimé.
Heurtebise le ramène chez lui avec la Rolls. La femme d'Orphée Eurydice (Marie Déa) est enceinte, elle est très inquiète de la disparition de son mari. Alors que ce dernier préfère rester dans la voiture et capter des messages poétiques et très étranges écrits par Cégeste.
Pendant ce temps, Eurydice est à son tour tuée par la princesse jalouse qui pénètre dans le miroir de sa chambre, pour l'emporter dans le royaume des morts.
Heurtebise proteste et accuse la princesse d'agir sans ordre et de n'obéir qu'à l'amour qu'elle porte à Orphée. Il aide à traverser le miroir, afin qu'il puisse témoigner au tribunal de l'au-delà. Ce dernier condamne la princesse et autorise Orphée à ramener Eurydice chez les vivants à condition qu'il ne pose plus jamais les yeux sur elle. Mais Eurydice croise accidentellement le regard d'Orphée dans le rétroviseur de la Rolls et retourne aussitôt dans de royaume des morts. A ce moment là, un groupe d'artistes, les Bacchantes, fait irruption chez Orphée en l'accusant de voler les œuvres de Cégeste. Une bagarre éclate, Orphée est blessé mortellement.Il se retrouve chez les morts.Orphée avoue son amour pour la princesse et celle-ci s'allie à Heurtebise pour le renvoyer chez les vivants, il y retrouve Eurydice. Heurtebise qui est amoureux Eurydice et la princesse sont condamnés pour haute trahison par le tribunal de l'au-delà.
- Analyse du film
Une magie se dégage de cette œuvre. Orphée est le dernier volet du Testament d'Orphée qui comprend 7 films.
C'est l'occasion d'un voyage dans un imaginaire onirique aux antipodes du réalisme de la majorité des films français de l'époque.
Il repose sur une ré-interprétation et une relecture personnelle des mythes et symboles antiques. En particulier, l'histoire du personnage d'Orphée, incarnation du poète qui traverse le monde des morts pour retrouver sa bien-aimée Eurydice.
C'est un film d'art et d'essai, à la fois surréaliste et romantique. La traversée des miroirs et du temps sont révélateurs du moi enfoui, enfin la succession des morts et des résurrections du poète qui tel le Phœnix, renait sans cesse de ses cendres.
Les gants de caoutchouc permettent de traverser le miroir, les carrières de pierres figurant l'enfer, la surface des miroirs se muant en eau par simple contact des mains sont autant de moyens techniques et esthétiques qui font que ce film est un voyage initiatique au cœur d'une œuvre symbolique, poétique et fantasmagorique majeure, qui nous fait voir que "le cinéma est une encre de lumière", héritier de la peinture, mais ouvert sur la profondeur, sur la 3ème dimension, sur l'animation.
Passage d'Orphée au travers du miroir avec Heurtebise
Le poète survit à son œuvre Orphée comme le poète franchit les espaces interdits, franchit les frontières.
Le poète échappe ainsi à l'oubli, forme ultime de non-existence qui ne s'accomplit que lorsque une personne disparaît même du souvenir.
Montaigne lui aussi a écrit la mort passage. Il écrivait dans ses essais (3-12.1639-1055) "la défaillance d'une vie est le passage à mille autres vies" ou encore "le même passage que vous fîtes de la mort à la vie, sans passion et sans frayeur, refaites le de la vie à la mort" (1-19-/20) ou bien "la mort se mêle et se confond partout à notre vie" (3-12-1718-1102).
Si comme on nous le dit, la mort est un passage, elle ne signifie pas le néant, elle n'est pas tragique, elle n'est pas négative.
L'artiste peut donner l'illusion que la vie se fige un instant. Le cinéaste peut mettre en scène un moment de vie. Mais cela reste une création de l'homme, une vision réduite plus ou moins figée voire statique.
La perception si réaliste qu'elle soit, est celle d'un instant, elle n'est donc pas la réalité. Cependant, c'est le cinéma qui se rapproche le plus de la réalité, car il représente l'idée même du mouvement, et la notion du temps qui passe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire